Hervé Guibert, 25 ans après
Christine Marcandier, Diacritik, 1er décembre 2016
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« Discussion avec T. sur le but de la publication, qui lui est incompréhensible, auquel il ne voit qu’un intérêt superficiel, publicitaire, et plutôt vil. Je lui dis : dans les fantasmes d’horreur, l’idée de ne pas être publié dépasse l’idée de mon corps rongé par les vers. Il ne s’agit pas de postérité, mais de l’assurance vague, presque abstraite, de rencontre, dans le temps, à des fuseaux divers (non plus horaires, mais annuels, et peut-être centenaires), même si le livre n’a jamais été réédité, même si le stock a été pilonné, même si la plupart des exemplaires ont été détruits dans le feu ou ramollis par l’eau des égouts, et la plupart des caractères effacés, d’un lecteur, d’un seul lecteur, un jeune homme ou une jeune fille, un vieillard, un enfant, d’un exemplaire réchappé qu’il prendra dans ses mains, et que cette parole, cette voix se remettra à vivre, pour quelque temps, dans son corps, avant de se refiger en surface morte, compressée, inutile, qu’elle sera encore une fois redéployée, et célébrée par sa lecture, cette action physique de l’écriture, cette manière, ce temps perdu, comme à prier, et qu’il l’aimera, qu’il sera sensible à l’amour, mais peut-être je l’explique encore mal, je l’amoindris. Je serais tenté de dire : s’il y avait cette assurance, cet espoir d’un seul lecteur, un jour, je n’écrirais plus, mais j’écrirais encore moins s’il n’y avait pas d’amour à raconter, car c’est l’amour que j’ai envie que ce lecteur-là discerne. » (Le Mausolée des amants, Journal 1976-1991 publié en 2001)
Guibert après Barthes : « un refus de tout temps »
Anne-Cécile Guilbard, Rue Descartes 2001/4 (n° 34), pages 71 à 86
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Entretien avec Christine Guibert, à l’occasion de l’exposition Hervé Guibert à la Fondation LOEWE de Madrid, du 6 juin au 30 août 2019
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