Image : Entre les dalles, cartographie du quartier Colombier à Rennes, 2009 © Mathias Poisson
L’ « aménité » d’une ville consiste en cette qualité de se sentir chez soi dans n’importe quelle rue.
[…]
Une « Maison des Temps » serait un lieu où l’on discuterait entre usagers, transporteurs, employeurs, syndicats, administrations, enfants, personnes âgées, etc., afin d’harmoniser les temps sociaux, contraints si vous voulez, aux temps de chacun. Il s’agirait de varier les horaires selon les différents moments des journées de la semaine mais aussi selon les saisons non seulement pour faciliter la vie quotidienne des citadins mais aussi pour améliorer la qualité des lieux urbains.
Pour cela il faudrait observer leurs usages temporalisés, qui sont différents selon le jour de la semaine, l’heure, la période, afin de fabriquer la ville à partir de ce que j’ai appelé la « chronotopie ». Mais cette démarche n’est pas appliquée, alors qu’elle vise le mieux-être des habitants, des économies d’énergie, une meilleure utilisation des bâtiments, etc. Si vous regardez les rendus des architectes, des urbanistes, des paysagistes, ils se déroulent toujours par un beau dimanche d’été …
[…]
On ne peut pas se sentir membre d’un territoire qui est peuplé comme un pays avec des millions d’habitants ou vaste comme une région. Il y a une mesure démographique et géographique qui participe à la juste mesure urbaine. La ville idéale n’existe pas et j’espère qu’elle n’existera jamais, cela voudrait dire que tous les humains souhaitent la même organisation territoriale, je crois en la diversité des conditions d’habitabilité, en la combinaison de diverses manières de penser, de représenter et de vivre la ville…
Et pour en revenir à mes propos du début de notre entretien, je dirais que pour avoir conscience de cette combinaison des divers éléments constitutifs d’une ville, il faut revenir à la philosophie, ce cheminement de la pensée qui refuse aussi bien l’esprit de système que la fin de la contemplation.