socialisation anticipatrice, adaptation, conformisme, innovation, ritualisme, évasion, rébellion, violence
Socialisation anticipatrice
La socialisation anticipatrice désigne une socialisation, c’est-à-dire une incorporation de normes et de valeurs, qui se fait par avance, en vue de l’intégration d’un individu dans un groupe social différent du sien, le groupe de référence. Théorisée par Robert King Merton en 1957, la socialisation anticipatrice concorde avec l’idée d’une société de plus en plus différenciée. Son idée est que l’individu ne se socialise pas seulement par rapport à son groupe d’appartenance mais aussi par rapport au groupe de référence (qu’il connaît sans y appartenir), un groupe social porteur de valeurs, de buts, qui sont jugés désirables. Le groupe de référence est un groupe auquel l’individu souhaite appartenir. La socialisation anticipatrice va de pair avec la méritocratie et la démocratisation des États, accentuant la mobilité sociale, et favorisant les transfuges de classe, c’est-à-dire le passage d’une classe sociale à une autre.
La socialisation anticipatrice peut être vectrice de concurrence et s’inscrit dans une logique individualiste caractéristique des sociétés occidentales modernes : le peu de places dans le groupe de référence associé à un grand nombre d’individus désirant s’intégrer à ce groupe fournit un facteur supplémentaire de frustration et d’individualisme. Dans le cas où la structure sociale laisse peu de place à la mobilité, on observe l’émergence d’une frustration collective, pouvant causer de la violence ou des émeutes.
Typologie d’adaptation individuelle à la société
Dans Éléments de théorie et de méthode sociologique, un recueil d’articles, Robert K. Merton établit une typologie d’adaptation individuelle à la société :
- le conformisme (l’individu se soumet aux attentes du groupe),
- l’innovation (l’individu accepte les valeurs du groupe mais ne fait pas siennes les normes sociales et procédures habituelles),
- le ritualisme (l’individu reste figé dans un mode de comportement donné),
- l’évasion (l’individu vit en marge de la société),
- la rébellion (l’individu rejette les buts et les moyens culturellement valorisés par une société donnée, mais vise à en suggérer, voire en imposer d’autres).
Ces modes d’adaptation peuvent représenter des styles de vie de certains groupes sociaux.